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Tarification abusive sur plusieurs sites de mise à l'eau

Tarification abusive sur plusieurs sites de mise à l'eau

«La plupart des lacs des Laurentides sont devenus inaccessibles aux pêcheurs et aux plaisanciers» explique Stéphan Bourgeois, le président de l’Association des pêcheurs sportifs du Québec. Sur les rives nord et sud et à l’est de Montréal, la tarification pour mettre une embarcation à l’eau, lorsqu’on n’est pas résident de la municipalité, devient parfois extravagante. Verchères, pays de la chaloupe, exige un taux fixe de 300 $ par an aux non-résidents pour utiliser sa rampe. Repentigny et Pointe-aux-Trembles en réclament 500 $ selon le même principe et Varennes récolte le prix citron avec un tarif exorbitant de 600 $. Les plaisanciers et pêcheurs qui acceptent de payer ces frais obtiennent en retour un service de piètre qualité dans la mesure où il leur est impossible d’acheter un permis sur place durant la fin de semaine. Ils doivent se déplacer pendant la semaine dans les locaux municipaux pour les acquérir. Ajoutons qu’il n’existe aucune possibilité d’acheter ces permis en ligne. Et si vous mettez à l’eau sans détenir de permis, il y a des chances que la patrouille de police locale vous colle une amende de 500 $ si elle constate que vous n’avez pas de vignette collée sur votre pare-brise. Vous voulez acheter un permis journalier, ou à la semaine le temps de vos vacances? Cette possibilité n’existe pas, sauf à Pointe-aux-Trembles où l’on vous réclamera 50 $ par jour pour utiliser une rampe construite par Hydro Québec et léguée ensuite à la ville en bon état. Comment a-t-on pu en arriver là?

Dans les Laurentides, les propriétaires riverains jaloux de leurs privilèges n’entendent plus partager les plans d’eau. Battue devant les tribunaux pour avoir interdit l’accès de sa rampe aux non-résidents, une claire violation de la loi fédérale, la petite municipalité de Saint-Adolphe d’Howard a répondu en imposant un tarif de 320$ par jour aux non-résidents pour utiliser ses installations. Un tarif abusif qui viole l’esprit de la loi dans la mesure où, selon les termes de l’avocat qui a plaidé la cause, «le tarif doit correspondre au bénéfice reçu par l’utilisateur et aux investissements consentis pour l’entretien des installations.» La municipalité se défend en invoquant la nécessité de restreindre le nombre d’embarcations afin de protéger les berges de l’érosion. Un argument fallacieux dans la mesure où les villégiateurs possèdent déjà plus de 800 embarcations motorisées, parfois de forte puissance, sur un lac de faible superficie. «Dix à quinze pêcheurs de plus ne feraient aucune différence» de faire remarquer Stéphan Bourgeois. Celui-ci explique qu’il faudrait à nouveau poursuivre la municipalité devant les tribunaux pour invoquer le droit du public à la navigation. Mais personne n’a encore osé le faire, faute de moyens. Il y a fort à parier que tant qu’une jurisprudence n’aura pas donné préséance aux plaisanciers, les municipalités continueront de mener sans retenue un processus de privatisation des lacs.

Au cours de l’émission La Facture diffusée à la SRC le 13 octobre 2015, le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau a qualifié la décision d’inacceptable et indiqué que «tous devaient pouvoir conserver un accès à la ressource». On ne connaît pas encore le plan d’action du ministre, mais M. Bourgeois fait remarquer que le lobby des municipalités est beaucoup plus puissant et organisé que celui des plaisanciers et des pêcheurs sportifs.

Sur le Saint-Laurent, les municipalités ont répondu aux plaintes de leurs résidents.  Dérangés par le grand nombre de véhicules des visiteurs sur les aires de stationnement, par les délais d’attente avant de procéder aux mises à l’eau, ou encore par les véhicules qui encombrent les rues avoisinantes, les résidents ont poussé leurs administrations à réagir. Ces dernières ont choisi de régler le cas avec des tarifs dissuasifs, la plupart du temps sans aucune motivation pour tenter d’accommoder les visiteurs et en cherchant seulement à les éconduire. On repassera pour la politique de promotion du tourisme inter provincial. Sur la rive nord du lac des Deux Montagnes, même scénario restrictif; un visiteur ne pourra lancer son embarcation qu’à Saint-Placide, juste en aval du barrage de Carillon.

Un peu de bonne volonté suffirait pourtant à arrondir les angles. Toutes les municipalités n’ont pas pour autant adopté la même approche restrictive. La Ville de Sainte-Catherine a plutôt opté pour la vente de tickets de 15$ par utilisation. Elle propose aussi un tarif annuel au coût raisonnable de 125 $. À Lachine, l’accès est demeuré gratuit, seul le stationnement est tarifé.

Le gouvernement du Québec acceptera-t-il de jouer son indispensable rôle d’arbitre dans ce dossier épineux? C’est le moins que l’on pourrait attendre de sa part.


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Le Guide du tourisme Nautique est un guide de navigation publié chaque année depuis 1997. Il s’agit à l’heure actuelle du guide de navigation le plus documenté des principaux plans d’eau du Québec, scrupuleusement remis à jour chaque saison.

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