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Renaissance annoncée du Bel Espoir

Renaissance annoncée du Bel Espoir

 C'est parti pour la construction du nouveau Bel Espoir au chantier breton Pririou de l'Association Jeudi Dimanche, navire-amiral de la flotte créée par le Père Jaouen. Une nouvelle coque en acier de 37 mètres va être la première étape pour la renaissance du Bel Espoir, goélette construite en 1944.
À l'hiver 2017, le Bel Espoir II est à sec, à la faveur d'un chantier destiné à le consolider et à le remettre à flot pour les cinq années suivantes. Parce qu'à l'association des Amis de Jeudi-Dimanche (AJD), on fonctionne comme ça. On retape, on se retape et on repart.
Mais cette fois-là, « un violent coup de vent... Le Bel Espoir II rond ses amarres, le bateau se couche sur le flanc », se souvient Fanny, vice-présidente de l'association qui aide les jeunes à trouver leur cap. La structure a vrillé, révélant les outrages du temps. « Le coût des réparations apparaît trop important et, malgré notre attachement, il faut se résoudre à envisager la construction d'une nouvelle coque. »

Le Bel Espoir III ?
Se pose alors la question du matériau. « Une coque de bois, c'est beau, mais très cher et très long à construire. »
L'association envisage alors la situation à travers les jumelles du père Michel Jaouen, fondateur de l'association, disparu il y a maintenant deux ans. «Michel n'avait pas des bateaux pour en faire des musées. Pour lui, ils étaient des outils pour emmener les jeunes, pour faire naviguer les gens. »
Une coque d'acier sera alors retenue, « plus rapide à réaliser et moins onéreuse ». Ce choix présentera également « un gain non négligeable en termes de sécurité à bord ». Cette fois, la solidarité sera inoxydable !
Pour la coque nue, dont la construction est confiée au chantier Piriou de Concarneau, il faudra compter 750 000 €. Quelque 29,90 m de long, 7,25 m de large, 2,15 m de tirant d'eau en charge et 190 t de déplacement en charge. « Si ce n'est sa coque de métal, le navire ressemblera comme un frère à son prédécesseur.» Et il portera, sans doute, le même nom. « Le premier n'existant plus, nous envisageons de faire une demande aux Affaires maritimes pour baptiser ce nouveau navire Bel Espoir, tout court... »
En janvier prochain, la coque devrait être achevée. Elle sera alors remorquée jusqu'au chantier du Moulin de l'Enfer, dans l'Aber-Wrac'h, «peut-être par son grand frère, le Rara Avis ».
Là, les membres de l'AJD se chargeront de l'aménager. « Du Bel Espoir II, nous récupérerons tout ce qui est récupérable : le gréement, le moteur, les chaînes et le guindeau, et sûrement de belles pièces de bois à l'intérieur qu'il faudra cependant adapter à la nouvelle structure. »
En plus d'être pleinement « dans l'esprit récup' AJD », cela permettra de tempérer, à hauteur d'un tiers environ, le coût de cette nouvelle phase évaluée à 1 500 000 €.

Rapidement à l'eau
À quand la mise à l'eau ? « Le plus rapidement possible ! Du travail pour nos stagiaires, il y en a suffisamment sur le reste de la flottille. L'enjeu n'est donc pas de faire du prochain Bel Espoir un support de formation. Il s'agit plutôt de lui permettre de naviguer et d'embarquer du monde dans les plus brefs délais. »
La gageure sera donc de lever suffisamment de fonds, dons et mécénats, pour embaucher des formateurs et des compétences techniques afin que le chantier progresse vite.
Le Bel Espoir, c’est une longue histoire emblématique du travail accompli depuis les années 1950 par le père Jaouen, un jésuite installé à Ouessant qui a consacré sa vie à donner une deuxième chance à des jeunes sortis de prison.
Construite  au Danemark, la goélette à trois mâts avait été achetée en 1968 par le père Jaouen. Elle avait failli terminer au cimetière à bateaux en 1992 si Thalassa ne lui avait pas consacré une émission spéciale. Un appel aux dons avait été lancé à cette occasion. Dix millions de francs avaient été récoltés, ce qui avait permis de refaire le plan de pont et les aménagements intérieurs.

Une coque en acier plus légère et moins chère
"L’acier présente l’avantage d’être plus léger et donc de rendre le navire plus marin" explique François Lucas, celui qui a également restauré le Rara Avis en 2000, le deuxième gros bateau de l’AJD. "Vu de l’extérieur et même à sec, il aura le même aspect. On ne verra pas de différence avec l’ancien. Mais en mer, il roulera moins et sera plus stable".
L’AJD n’avait pas les compétences pour reconstruire entièrement le bateau. Avec sa dizaine de salariés et sa trentaine de jeunes chômeurs venus se former aux métiers de la mer, elle n’assure que les travaux d’entretien.
C’est donc le chantier Piriou qui va s’occuper de la coque en acier. Les travaux vont débuter mi-octobre. Début 2019, le Bel Espoir II remotorisé avec l’ancien moteur, sera convoyé jusqu’au chantier-base de l’AJD  dans l’Aber-Wrach. Là, les anciens mâts seront réinstallés ainsi que le pont et le reste. Il faudra un an et demi pour rendre le Bel Espoir II opérationnel.
Au total, il y en a pour un peu plus de 2 millions d'euros de travaux. Si la coque est financée, il reste 1,5 millions d'euros à trouver.
En 2020, une nouvelle vie recommencera pour ce Saint-Bernard des mers, bouée de sauvetage des abîmés de la vie.

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