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Phares du Québec, les bénévoles lésés par le fédéral

Phares du Québec, les bénévoles lésés par le fédéral

Les années 1970 ont marqué la disparition progressive des gardiens de phare sur le Saint-Laurent. Voilà plus de 26 ans, en 1988, les derniers gardiens ont quitté le pilier du Haut-Fond Prince et le phare de l’Île Rouge. L’automatisation ayant démontrée sa fiabilité, on pouvait penser que tous les phares canadiens allaient être automatisés et perdraient leurs gardiens. Il n’en est rien !

Au cours des années 1990, Pêches & Océans Canada a voulu automatiser les autres phares du pays, mais a été confronté à l’opposition publique menée par divers associations et regroupements locaux. Lorsque la Garde côtière a entrepris l’automatisation systématique de ses stations de phare en 1970, on dénombrait 264 stations dotées d’un gardien au Canada. Il en reste 50 aujourd’hui qui sont toutes situées en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador. Parmi ces 50 phares encore gardés, 32 sont déjà automatisés, ce qui signifie qu’ils sont opérationnels sans intervention humaine et que le personnel sur place s’occupe uniquement de l’entretien du site.

Je m’implique depuis 1998 sur la station de phare de l’Île Verte, premier phare du Saint-Laurent et lieu historique national reconnu. J’y ai fait des centaines d’heures de bénévolat. J’ai souvent hypothéqué mes vacances et mes congés en famille pour

m’occuper de ce phare. Je fais partie d’un groupe d’individus qui cumulent annuellement des centaines d’heures de bénévolat dans le même but: sauver et entretenir les sites de phares patrimoniaux du Québec.

À deux extrémités du pays, les pêcheurs, les plaisanciers, les députés ou les sénateurs qui ont milité pour conserver les  gardiens de phares viennent-ils entretenir bénévolement les phares ? À l’évidence, non ! Outre les salaires des 50 gardiens encore en fonction, le gouvernement fédéral assume les coûts d’entretien de ces stations alors qu’au Québec on fait payer à des bénévoles les frais de conservation des phares patrimoniaux, même si ces derniers appartiennent encore au gouvernement. Ce même gouvernement qui veut maintenant nous céder ces phares par l’entremise de la loi S-215 sans corriger ces iniquités.

Depuis l’automatisation des phares du Saint-Laurent en 1988, les économies réalisées n’ont jamais été réinvesties dans nos stations de phares, alors que des dizaines de millions de dollars ont été accordés pendant toutes ces années vers des sites déjà automatisés. Pendant ce temps, le phare de Cap-des-Rosiers, monument historique national se détériore rapidement. Le lieu historique national de l’île Verte, qui a célébré son 200e anniversaire en 2009, a été fortement négligé par son propriétaire, le gouvernement fédéral. N’est-il pas aberrant qu’il faille presque supplier ce dernier pour obtenir un peu d’argent afin de couvrir une partie des travaux de remise aux normes causés par des années de négligence pendant qu’on continue d’injecter des sommes substantielles aux deux extrémités du pays? Vous comprendrez sans peine que j’ai nettement l’impression de me faire avoir……

Jean Cloutier 

M. Jean Cloutier, pilote du Saint-Laurent, est responsable du Musée du phare de l’Île Verte et vice-président de la Corporation des gestionnaires de phares de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. 

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Le Guide du tourisme Nautique est un guide de navigation publié chaque année depuis 1997. Il s’agit à l’heure actuelle du guide de navigation le plus documenté des principaux plans d’eau du Québec, scrupuleusement remis à jour chaque saison.

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