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Nouvelle proposition de restriction de vitesse sur le Richelieu

Nouvelle proposition de restriction de vitesse sur le Richelieu

Transports Canada étudie une nouvelle proposition des municipalités de Saint-Antoine, Saint-Charles, Saint-Denis et Saint-Marc–sur–Richelieu en vue de restreindre la vitesse des embarcations sur une distance de 20 km. La nouvelle demande déposée au printemps dernier auprès de Transports Canada par l’intermédiaire du député de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères, Xavier Barsalou-Duval est beaucoup moins restrictive que la précédente dans la mesure où seulement trois secteurs d’environ 2,5 km de long se verraient imposer une limite de vitesse de 10 km/h.

La première zone de restriction débuterait en aval du pont de l’autoroute 20 à Saint-Charles dans le secteur des îles aux Cerfs et Jeannotte jusqu’à la Marina Saint-Charles. Une seconde serait centrée autour du village de Saint-Marc entre le bac à câble de Saint-Charles et la Marina Auberge Handfield. Enfin, un troisième secteur engloberait les centres des villages de Saint-Denis et Saint-Antoine entre la prise d’eau de l’aqueduc du Bas-Richelieu et le bac à câble. Par ailleurs, une portion de 11 km entre Saint-Charles et Saint-Antoine ferait l’objet d’une limitation de vitesse à 10 km/h à une distance de 50 mètres et moins des berges. Partout ailleurs, la vitesse maximum autorisée serait de 50 km/h.

L’un des aspects les plus controversés de la proposition de règlement tient à l’interdiction de la pratique des sports de glisse dans les zones à 10 km/h, ainsi que partout ailleurs les samedis et dimanches entre 13 h et 17 h dans la portion de 20 km visée par la proposition de règlement. Les adeptes de surf ont vu rouge et se sont sentis directement visés, pour ne pas dire lésés. Ils ont raison de le penser puisqu’on reproche à ce type d’embarcation de générer du batillage. La pratique des sports de glisse sur un cours d’eau d’une largeur de 200 à 300 m dans des profondeurs relativement faibles soulève inévitablement des remous, au sens propre comme au sens figuré.

Les municipalités cherchent à limiter la remise en suspension des sédiments, l’érosion des berges, à protéger les herbiers aquatiques et à concilier les usages de façon à permettre aux embarcations à propulsion humaine d’évoluer en sécurité. L’interdiction de naviguer à bord d’une embarcation motorisée autour des îles aux Cerfs et Jeannotte constitue une mesure de protection pour le chevalier cuivré, une espèce de poisson endémique menacée d’extinction qui fréquente les herbiers autour de l’archipel.

Les réductions de vitesse au cœur des noyaux villageois visent à préserver la qualité de vie des riverains, à restreindre le batillage à proximité des rampes de mise à l’eau et des zones écologiquement sensibles et enfin à favoriser une meilleure qualité de la prise d’eau - moins de sédiments en suspension -  de l’Aqueduc Intermunicipal du Bas-Richelieu situé à Saint-Denis.

La proposition constitue un compromis intéressant qui cherche à concilier les usages de la rivière, mais elle soulève encore du mécontentement chez certains plaisanciers qui ne digèrent pas ces restrictions. Nautisme Québec s’est rangé aux intérêts de l’industrie en manifestant son opposition, faisant valoir que les phénomènes d’accélération au sortir des zones à vitesse limitées généreraient plus de vagues et en suggérant de créer des zones spécifiques où les sports de glisse seraient permis.

La rivière Richelieu constitue une pièce majeure de notre patrimoine national ainsi qu’un axe névralgique dans l’économie de la plaisance. La conciliation des usages est un enjeu qui ne fait que commencer. Les autres municipalités riveraines réparties sur les 130 km de son cours observent la manœuvre avec intérêt et plusieurs songent se joindre au mouvement, notamment Saint-Ours et Sorel. Tôt ou tard - nul ne saurait le prévoir les échéances - la régulation de la navigation de plaisance prévaudra du lac Champlain au fleuve Saint-Laurent.

Les marchands de bateaux et les marinas n’ont pas pour vocation d’éduquer leur clientèle face aux enjeux sociaux et environnementaux, mais il est néanmoins dans leur intérêt à long terme d’adopter une attitude citoyenne en concordance avec les valeurs contemporaines. Les enjeux environnementaux ne feront que se renforcer au fil du temps et les plaisanciers devront s’adapter. À long terme, il en va de la légitimité de la navigation de plaisance.

Gérer un cours d’eau en le coupant en de petits morceaux correspondants aux territoires des municipalités n’est certainement pas l’approche la plus logique. Il conviendrait d’appréhender la rivière dans son ensemble afin de répertorier les secteurs les plus sensibles à l’érosion, documenter les zones écologiquement fragiles, identifier les sites propices aux sports nautiques et aux autres usages récréatifs. À l’heure actuelle, nous manquons cruellement de données pour mener à bien un tel chantier et il faudrait encore identifier un porteur de ballon pour prendre en charge une telle démarche.

Une chose est sûre, le sujet de la régulation des activités sur la rivière Richelieu ne disparaîtra pas de l’actualité. Quant au règlement de Transports Canada, s’il est approuvé, ne rentrera pas en vigueur avant 2024.

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