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Livre: Les étés de l’ourse

Livre: Les étés de l’ourse

Au printemps 2019, vous avez peut-être fait la connaissance de Muriel Wylie Blanchet, alias Capi Blanchet. Nous lui avions alors consacré un dossier. Personnage singulier qui a choisi de mener sa vie hors des sentiers battus, elle s’improvise navigatrice en 1927 après la disparition de son mari. Elle embarque la chienne et les cinq enfants sur son petit yacht de 25 pieds, Caprice, quinze été durant, en cabotage le long des côtes de Colombie-Britannique. 

Il en sortira beaucoup plus tard une série de 27 chroniques, récits de navigation aux allures de contes, publié dans un recueil en 1961, The Curve of Time. Le livre passa d’abord inaperçu, puis fut redécouvert par un éditeur et l’on ne cessa ensuite de le réimprimer. C’est un classique de la littérature maritime que tous les navigateurs de la côte Ouest connaissent. Cette montréalaise de bonne famille parti à l’aventure à travers le dédale des îles, des passes et des fjords du golfe de Georgia ne profitera du succès de ses textes qu’à titre posthume. 

Les Éditions du Boréal ont eu la bonne idée de traduire The Curve of Time, devenu Les étés de l’ourse, vous saurez pourquoi en lisant le livre…  L’autre bonne idée est d’avoir confié la traduction à Louis Hamelin qui était le personnage tout désigné pour mener la tâche à bien. La langue de Blanchet, les références nautiques, l’esprit du texte, il y avait matière à quelques inquiétudes. Hamelin connaît bien la littérature américaine qu’il fréquente régulièrement. Il est le premier à s’arracher les cheveux devant les traductions françaises arrivées de l’Hexagone, étrangères à l’américanité et parfois franchement agaçantes. Il a embarqué dans le souffle épique de Capi Blanchet et de ses récits captivants avec enthousiasme et minutie, pour le plus grand bonheur des lecteurs francophones. Mission accomplie; l’esprit et la vivacité de Blanchet n’ont pas été varlopés.

«On lit les aventures de Wylie Blanchet, avec une sorte d’émerveillement» dit le traducteur. C’est bien le cas. Les étés de l’ourse mettent en scène une famille de Robinsons, délivrée de la routine et des obligations terrestres, maraudant quatre mois durant dans une nature immense dont le caractère sauvage prend parfois une dimension mystique. Capi est une authentique amante de la nature, un garçon manqué qui a passé ses vacances de jeunesse à grimper aux arbres et à courir sur les grèves du Bas du Fleuve à Cacouna. Elle réalise en quelque sorte ses propres rêves d’enfants à bord de Capriceen traînant les siens dans l’aventure. Et l’on comprend qu’elle n’est jamais plus heureuse que face au spectacle grandiose de la nature qu’elle adore mettre en scène avec des notes dramatiques. 

Sous la plume de Capi, le littoral de la Colombie Britannique au moment du récit – de 1927 jusque vers la fin des années 1930– prend l’allure d’un jardin d’Eden. Les truites abondent dans les ruisseaux, les escapades éreintantes à flanc de montagne fournissent plus que leur part de fruits sauvages et les longues journées d’excursion finissent dans des bassins d’eau douce où l’on se nettoie de la boue collée sur les mollets. La côte appartient à l’époque aux compagnies forestières, à quelques entreprises de pêche et à de rares colons qui vivent en autonomie complète. Une sorte de Far West maritime d’où émergent à l’occasion d’attachants personnages. Comme le vieux Mike, alias Andrew Shutler, installé au fond de Melanie Cove. Ce bûcheron laissé pour mort après une rixe sanglante a décidé de refaire sa vie loin du monde. Il a logé son camp près d’un versant de montagne densément boisé d’où il fait dévaler des troncs jusque dans la crique.

La Colombie-Britannique dont parle Blanchet n’existe plus. Les criques de Desolation Sound sont bondées de yachts de plaisance venus des États-Unis bardés d’équipements dernier cri. Mais il est encore possible de faire semblant de se perdre dans la myriade d’archipels au pied des montagnes enneigées.

 Les étés de l’ourse, 264 pages – 29,95 $

Muriel Wylie Blanchet, traduction de Louis Hamelin

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