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Le SuMoth de l’École de technologie supérieure
L’École de technologie supérieure (ETS) est impliquée dans la conception de voiliers de compétition depuis 2013. L’équipe d’étudiants du projet Rafale a construit deux prototypes de catamaran de Classe C et a participé à la Little Cup à Genève en 2018.
La léthargie de la Classe C a forcé le club étudiant de l’ETS à inscrire sa démarche conceptuelle dans une autre catégorie d’embarcation. Le choix s’est imposé de lui-même dès 2019 avec les SuMoth, de petits dériveurs à foil de 3,35 m où le préfixe Su signifie sustainable.
L’été dernier quatre équipes universitaires se sont retrouvées à l’occasion de la Foiling Week sur le lac de Garde en Italie pour faire voler leur prototype : les écoles polytechniques de Milan et de Turin, l’université de Southampton et la canadienne de l’ETS. Le jury composé de coureurs professionnels, d’ingénieurs et de patrons d’écuries de régate avait pour tâche d’évaluer les équipes universitaires. Un jury rompu aux technologies de mise en œuvre des matériaux composites. La sobriété de l’empreinte écologique du produit fini figurait au sommet des critères.
La série des SuMoth est donc plus une compétition d’ingénierie et d’éco-conception qu’une simple épreuve sportive. On évalue les qualités d’innovation et la résolution de défis techniques dans la conception et la réalisation des différentes composantes. La publication de documents techniques décrivant l’analyse des matériaux et de leur cycle de vie ainsi que les études d’écoulement sur les foils font partie intégrante de l’exercice.
Le bilan écologique des matériaux utilisés fait l’objet d’une évaluation par l’intermédiaire d’un budget fictif de construction. Le carbone, efficace mais à lourde empreinte coûte très cher alors qu’une matière naturelle est gratuite. Une norme de conception limite la présence de carbone à 20% par kilo pour la mise en œuvre de la coque.
L’équipe de Rafale a produit la coque de son SuMoth avec un composite de fibre de basalte et de résine thermo plastique entièrement recyclable. Fabriquer toutes les composantes d’un dériveur de compétition – mis à part le mât et les voiles – constitue un solide défi technique : système de barre, foil, plan de pont, ailes, bout-dehors, rien ne sort d’un magasin mais doit être fabriqué dans les ateliers de l’ETS, locaux heureusement très bien pourvus en outillage spécialisé.
Les cinq jours de navigation sur le lac de Garde se sont avérés concluants. Le SuMoth a volé plus d’une minute à plusieurs reprises et les bris ont pu être réparés. L’équipe de Rafale entend participer à la Foiling Week l’été prochain avec la même coque mais en améliorant les qualités de certaines composantes, notamment la géométrie des foils et les échelles qui composent les ailes. La construction d’une nouvelle coque de SuMoth à plus faible bilan de carbone fait partie des objectifs pour 2024.
L’ETS finance 65% du programme dont le coût annuel s’élève à 100 000 $ pour la dernière saison. L’équipe composée d’une petite vingtaine d’étudiants doit trouver commanditaires et donateurs pour équilibrer le budget. Les contributions financières sont donc les bienvenues.
