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Lancement de la Montréalaise

Lancement de la Montréalaise

 

Un chantier naval artisanal comme outil d’engagement social : c’est l’œuvre de Jeunes marins urbains, l’OSBL créé en 2015 par Yves Plante, navigateur de son état et propulseur de rêves à ses heures.

 Village au pied du courant, bord du fleuve, par une belle journée de juillet. Ça s’agite ferme dans un coin de cette installation temporaire estivale située dans l’Est de Montréal. Une dizaine de personnes de tous âges, outils à la main, s’affairent autour d’une structure de bois. En s’en approchant un peu plus, on devine, à voir la charpente qui se dessine sous l’effet du ceintrage du bois, la naissance d’un petit voile-aviron de 25 pieds ultraléger, avec une quille en composite et une coque en toile. La technique Skin on frame, bien connue pour le canot, le kayak et le umiak, est ici appliquée à la conception d’un voilier d’une capacité de 10 personnes. Le mât est celui d’une planche à voile.

Le maitre d’œuvre de ce chantier naval artisanal? Yves Plante, un infatigable rêveur qui mène ses projets à terme, un visionnaire qui voit loin, aussi loin que l’horizon. Yves est un navigateur animé d’un indéniable talent pour susciter l’enthousiasme collectif. Sa feuille de route personnelle est jonchée de réalisations en orbite autour de la voile : construction de son canot à voile Cœur de Marin, camp de voile pour les jeunes Innus de Washat et Maliotenam, instigateur de l’association Mer et montagne, entre autres. Avec le Défi Jeunes marins urbains, Yves veut tester une technique de construction facile et financièrement accessible; hors mât et voile, le bateau revient à moins de 4 000$. «Et le voilier est au croisement de trois savoir-faire : inuit pour la toile, amérindien pour la structure en frêne et européen pour la voile», résume le navigateur.

L’idée sous-jacente : «Transformer l’impossible en possible», selon l’expression d’Yves Plante. Autrement dit : amener des gens qui n’ont jamais ou presque travaillé de leurs mains à construire un voilier navigable à partir de rien… ou si peu. Juste pour le plaisir de participer à une œuvre collective et d’apprendre ensuite à naviguer, toutes voiles dehors.

D’ailleurs, à voir l’avancée du chantier, après 15 jours seulement, le projet ne semble plus si fou que ça. La véritable énergie motrice de cette aventure, «c’est la synchronicité», résume le navigateur, une autre façon de comprendre comment le rêve d’un homme peut en amener beaucoup d’autres à se mobiliser. Le bois de la structure provient des frênes malades, abattus sur l’île de Montréal, que l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame de Grâce donne à Jeunes marins urbains en soutien au projet. Idem pour la location du site Au pied du courant : cadeau de la Ville de Montréal. La toile qui constitue la coque provient de retailles que leur fournit une entreprise des Cantons-de-l’Est. Besoin d’un container de 40 pieds dans le Vieux Montréal pour entreposer le bateau ? Le don d’un certain Alan Espay, un passionné de voile qu’Yves rencontre par hasard aux Bermudes, lors d’un convoyage.

Mais qui sont au juste ces Jeunes marins urbains? Une trentaine de jeunes de cœur, âgés de 17 à 68 printemps, qui n’ont jamais fait de voile mais qui en rêvent : un retraité montréalais d’origine antillaise, un étudiant en sciences politiques en dreadlocks, un photographe d’origine panaméenne, un architecte qui construit des gratte-ciel au centre-ville, un pharmacien, une mère de famille… Des enfants aussi d’une dizaine d’années qui veulent construire un bateau «pour vrai», pas une maquette! Durant ces ateliers pour enfants, une règle d’or : compter sur un ratio égal entre jeunes et adultes pour une sécurité maximale. Manipuler une scie sauteuse réclame la plus grande prudence. Résultat : une «école en plein air et sans Ritalin» ou on apprend à créer ensemble et à aller au terme d’un projet.

Jeunes marins urbains, c’est aussi une autre façon de renforcer les liens entre individus et entre générations. Car ce chantier artisanal renferme une ambition plus grande encore qu’un travail collectif : il est un outil de rapprochement social qui rappelle que Montréal est une île. Au final, derrière chaque urbain, il pourrait bien y avoir un marin qui sommeille.

Pour s’informer sur la programmation 2017 et pour s’inscrire : www.jeunesmarinsurbains.org - FB : Jeunes marins urbains

 

Par Nathalie Schneider

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