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La pollution sonore perturbe considérablement la vie marine

La pollution sonore perturbe considérablement la vie marine

Un rapport publié dans la revue Science en février dernier a analysé plus de 500 études qui documentent les effets du bruit générés par l’activité humaine sur la vie marine. Les conclusions de ce rapport indiquent que le son est une composante fondamentale des écosystèmes marins et que l’impact de la pollution sonore affecte l’ensemble de la faune marine, du plancton jusqu’aux baleines. Les perturbations causées par les bruits sont aussi dommageables que la surpêche, la pollution chimique et les changements climatiques disent les scientifiques. La pollution sonore peut s’apparenter à «un brouillard acoustique» dans l’océan. «Les animaux marins peuvent voir dans la mer à quelques dizaines de mètres et sentir à quelques centaines de mètres, mais ils peuvent entendre à travers des  bassins océaniques entiers» explique le professeur Carlos Duarte de l’Université des sciences et technologies du roi Abdallah en Arabie Saoudite qui a dirigé la recherche. La plupart des évaluations de la santé des océans ignoraient jusqu’à présent les composantes acoustiques : «Désormais, la littérature scientifique fournit des preuves irréfutables que le bruit généré par les activités humaines est une source majeure de perturbation des écosystèmes marins » conclut M. Duarte.

Les poissons, les coquillages, les crabes, les coraux, tous perçoivent les sons et s’en servent pour trouver des environnement propices, dénicher leurs proies, attirer leurs partenaires sexuels, guider leurs déplacements, défendre leur territoire ou déjouer l’attaque d’un prédateur. Les morues émettent des signaux sonores pour coordonner la ponte des œufs, les crevettes produisent des sons pour étourdir leurs proies. Les animaux dépourvus d’ouïe maintiennent leur équilibre avec des organes sensibles à la pression de l'eau, pression modifiée par le passage des ondes sonores.

Les bruits du trafic maritime, des embarcations et des chantiers de construction sous-marine (plateforme pétrolière et champ d’éoliennes) privent la faune marine de perceptions vitales et causent de sérieux dommages. Une étude menée sur la Grande Barrière de corail a révélé que le bruit des embarcations motorisées a contribué à doubler le taux de mortalité de certains prédateurs.

Les ondes sonores se déplacent plus vite et plus longtemps dans l’eau que dans l’air, ce qui rend la propagation du bruit beaucoup plus violente en milieu marin. Les impacts les plus significatifs proviennent des sonars militaires et des détonations provoquées par les sondages sismiques. Leurs effets sont dévastateurs sur les mammifères marins; ils peuvent provoquer la surdité et induire des désorientations responsables d’échouages collectifs.

Les baleines produisent des sons pour conserver la cohésion du groupe, pour l’écholocalisation de leurs proies et pour la recherche de partenaires. Les baleines à bosse émettent un chant de séduction complexe qui peut se différencier en différents dialectes régionaux. Les mammifères appartenant au même groupe peuvent communiquer à des centaines de milles de distance, mais le brouillard sonore les oblige à modifier leur comportement pour se rapprocher à 10 milles les uns des autres pour pouvoir communiquer. Stressés par le bruit, les animaux peuvent prendre de mauvaises décisions qui mettent leur survie en danger.

Au cours des cinquante dernières années, l’augmentation du trafic maritime a multiplié par 32 l’intensité des sons de basse fréquence. Les vibrations des moteurs et la rotation des hélices en sont responsables. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’atténuer ces impacts sonores de manière significative par l’isolation phonique des moteurs, de nouveaux profils d’hélice et la réduction de vitesse. On évalue que seulement 15% des navires de commerce génèrent la moitié de tous les sons générés par le trafic maritime. Le remplacement des hélices de cinq gros porte-conteneurs de l’armateur Maersk a permis de minimiser notablement les impacts sonores tout en réduisant la consommation de carburant. La conception d’hélices moins bruyantes figure aujourd’hui au sommet des priorités. Dans certains cas, la réduction de vitesse suffit à diminuer le bruit d’une valeur de 50%. Pour le professeur Steve Simpson de l’Université d’Exeter en Angleterre qui a participé à la rédaction du rapport, la réduction du bruit dans le milieu marin constitue le geste le plus évident à poser pour améliorer la santé des écosystèmes marins. Durant la pandémie, on a constaté que des requins et des mammifères marins ont recommencé à fréquenter des zones qu’ils avaient fuies à cause de la pollution sonore. La diminution du trafic maritime a permis d’observer une rapide récupération de la vie marine. «Le bruit peut cesser immédiatement et il n’a pas d’effet persistant. C’est la chose la plus facile à faire» conclut le professeur Simpson.

Avec Le Guardian et L’Express

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