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Vers la création de nouvelles aires de protection marines

Vers la création de nouvelles aires de protection marines

Déjà depuis plusieurs années, le projet d’accorder un statut de protection à de vastes portions de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent est sur le radar du gouvernement fédéral. Un projet mis sur la glace par l’administration Harper et soudainement ressuscité avec celle de Justin Trudeau.
Le projet mis de l’avant vise la création d’une zone protégée à partir de la pointe est de l’île d’Orléans jusqu’à la localité de Saint-Fabien sur la rive Sud. Sur la rive Nord, la zone se prolongerait plus loin vers l’est jusqu’à la hauteur de la rivière Betsiamites. Au-delà, la péninsule de Manicouagan obtiendrait un statut de Réserve aquatique. Une portion de la rivière Saguenay en amont du territoire du parc marin serait aussi placée sous protection. Enfin, une bande littorale entre Matane et Les Méchins complèterait la liste des nouvelles aires protégées de l’estuaire qui s’étendraient désormais sur 5000 km2 d’ici la fin de 2020. Les gouvernement provincial et fédéral ont convenu d’une entente de collaboration pour mener à bien ce projet.
Un autre projet à l’étude vise à créer une zone de protection marins dans les eaux de l’archipel des îles de la Madeleine sur une superficie de 17 000 km2.
Ces annonces portent une indéniable couleur politique qui vise à rétablir la crédibilité des gouvernements qui avaient failli jusque-là à remplir les promesses de protection de leurs milieux marins. Si les aires marines protégées voient le jour comme prévu, le Québec aura placé sous protection 11 % du plan d’eau laurentien au lieu de 1,9 % actuellement. En ajoutant le secteur des îles de la Madeleine, la superficie protégée passerait à 20% du territoire marin.
Dans l’estuaire, la volonté de protection tourne principalement autour du statut préoccupant du béluga dont on souhaite éviter la disparition. D’où la décision de placer sous protection l’ensemble des secteurs qu’il fréquente de l’île aux Coudres jusqu’en aval de Trois Pistoles, ce qui inclut évidemment le secteur sensible de Cacouna.
Pour le président du comité de gestion du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, le professeur Émilien Pelletier, les projets mis de l’avant constituent un progrès majeur. « J’espère un tel projet depuis 20 ans. J’ai peine à croire que ça va enfin se faire », se réjouit-il. « Les limites du parc marin n’ont pas de justification écologique, puisqu’on se retrouve avec un environnement qui est protégé seulement jusqu’au milieu du Saint-Laurent. Avec le projet, on complète la protection, comme on le souhaite depuis plusieurs années », ajoute M. Pelletier.
Pour Alain Branchaud, le directeur général de Société pour la nature et les parcs, la porte est désormais ouverte pour mettre en place « non seulement des mesures d’interdiction des activités industrielles, mais aussi un plan de conservation de l’estuaire qui impliquera un programme de suivi de l’état de santé des écosystèmes. On peut penser à des mesures pour éviter les collisions des navires avec les cétacés, ou encore des règles pour protéger certains milieux critiques pour les bélugas, par exemple, à certaines périodes de l’année ».
Toute cette bonne volonté politique se heurte toutefois à l’expansion prévue du trafic maritime, appelé à croître avec le développement de nouveaux projets industriels comme celui du terminal méthanier dans la rivière Saguenay ou encore par l’intermédiaire des objectifs d’expansion des ports de Québec et Montréal. Des perspectives qui inquiètent vivement les organisations dédiées à la protection des mammifères marins.
Robert Michaud du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) aimerait voir l’implantation de refuges acoustiques où l’on limiterait notablement le trafic maritime dans des régions particulières comme Kamouraska, Cacouna et la rivière Saguenay, des sites très fréquentées par les femelles accompagnées de leurs jeunes.
La volonté du gouvernement de François Legault d’appuyer la réalisation du projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel d’Énergie Saguenay entre néanmoins en complète contradiction avec les objectifs de protection des mammifères marins. Ce terminal de transbordement induirait un transit annuel de 150 à 200 passages supplémentaires de gros méthaniers. 

Avec Le Devoir

 

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