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SDI mise sur les paquebots à voile

 SDI mise sur les paquebots à voile

Alors que l’industrie de la croisière fait l’objet de critiques de plus en plus vives sur le plan environnemental, le bureau d’architecture nantais Stirling Design International croit au développement d’une nouvelle génération de paquebots à voile. A l’occasion de l’exposition La Mer XXL, qui s’est déroulée récemment à Nantes, SDI a dévoilé son projet de Grand Voilier de Croisière qui, selon son concepteur, permettrait grâce à une propulsion vélique optimisée de réduire d’un quart la consommation en carburant liée à la propulsion.

Le modèle présenté est un navire de 200 mètres de long, 18.000 UMS de jauge et 180 cabines. Il peut déployer 4400 m² de voilure, avec des voiles de plus de 600 m². Elles sont réparties sur quatre mâts de 70 mètres d’envergure culminant à 90 mètres de haut. Une mâture escamotable afin de permettre le passage sous les ponts.  

On sait SDI travaillant depuis plusieurs années avec Ponant sur son projet de nouveau voilier de croisière. Mais la compagnie française n’est pas la seule à réfléchir à la propulsion vélique. On constaterait même un intérêt accru dans ce domaine du fait notamment du poids croissant de l’environnement dans l’opinion publique. « Il y a de vraies questions de fond chez les différents armateurs, armateurs de tailles très différentes, sur le positionnement de leurs futurs projets de constructions neuves en termes d'impact environnemental. Nous avons eu l'occasion d'échanger lors de ces six derniers mois en détail avec trois d'entre eux. C'est une question de règlementation, mais de plus en plus de positionnement marketing. C'est à l'industrie de la croisière d'inventer son avenir, qui ne ressemblera pas à ce que l'on connait actuellement, au risque - ou à l'opportunité selon les points de vue - de disparaître », estime Thibaut Tincelin, de SDI. Le vent serait donc en train de tourner. 

Pour le bureau d’architecture, qui a dessiné ces dernières années un certain nombre de navires de croisière à propulsion traditionnelle sur le marché de l’expédition, la Mer XXL a d’ailleurs été l’occasion de confronter son projet GVC à l’opinion du grand public et d’en faire un sondage. « Parmi l’ensemble des visiteurs, plus de 600 personnes de tous âges ont pu découvrir en réalité virtuelle les ponts extérieurs du navire, l’effet spectaculaire du gréement, et les cabines passagers ayant une vue directe sur la mer et le gréement. A l’issue de leur visite leur a été proposé de partager leur intérêt potentiel et personnel pour ce type de projet : 93 % des visiteurs déclarent avoir envie de naviguer sur un voilier de ce type ; 62 % sont enthousiastes et trouvent le projet excellent », explique SDI, qui révèle que ses moments d’échange avec le public, familier ou non de la croisière, a permis de faire émerger « très nettement » un certain nombre d’attentes par rapport à la croisière.

 Tout d’abord, le « souhait de naviguer sur de petits navires de croisière. Ce projet avec ses 200 mètres et 360 passagers étant déjà considéré comme grand. Une large part du public refusant de considérer une croisière sur un gros navire de croisière est attirée par ce projet ». Par ailleurs, « le développement de navires moins énergivore est considéré comme très positif. La pollution actuelle des navires et les effets néfastes des plus gros choquent ce public français et européen. En revanche il n’est pas évoqué que la croisière soit un modèle qui doive disparaître néanmoins, mais plutôt s’améliorer ». Le sondage mené auprès des visiteurs a également montré, selon SDI, que le public est « très séduit par le spectacle des voiles et le concept de cabines donnant sur une rue centrale sous les mâts ». Ceux qui ont découvert le Grand Voilier de Croisière ont « souvent demandé à être rassurés sur la distance entre le gréement et les passagers, et sur le niveau de bruit généré par les voiles ». SDI a également noté des attentes marquées autour de l’aménagement des cabines, les activités culturelles et sportives sur le navire, ou encore la possibilité de pouvoir prendre part à la vie du bord.

De cette confrontation auprès du grand public, SDI est ressorti conforté dans sa volonté de se positionner sur le marché des voiliers de croisière. Certes, les paquebots géants ne pourront pas se mouvoir uniquement de cette manière. Cela pose de trop grands problèmes d’intégration et d’exploitation. Pour eux, l’heure est à l’installation de dispositifs limitant les émissions polluantes (scrubbers pour traiter les rejets sulfurés, pots catalytiques pour les oxydes d’azote on encore des filtres à particules), mais aussi à l’émergence de nouveaux carburants, comme le gaz naturel liquéfié (GNL) et demain sans doute l’hydrogène. Malgré les attaques dont la croisière fait actuellement l’objet, des progrès sensibles ont de plus été accomplis en une décennie pour réduire sensiblement la consommation de combustible, limitant mécaniquement les émissions polluantes. Des efforts qui vont se poursuivre, comme c’est le cas dans d’autres secteurs du maritime, avec comme solution de développer les mix énergétiques combinant plusieurs technologies pour limiter au maximum l’impact environnemental. Le durcissement de la règlementation sur les émissions polluantes est dans cette perspective primordiale, mais la pression grandissante de l’opinion publique devrait aussi forcer les armateurs à accélérer le mouvement car cette problématique va assurément devenir un argument commercial majeur. Si la croisière ne veut pas devenir un épouvantail pour l'écologie, elle doit en tous cas clairement réagir vigoureusement.

Pour les bateaux de petite et moyenne tailles, la propulsion vélique peut dans ce cadre trouver des applications, pour peu que le profil opérationnel de ce type de navire réponde à certaines exigences en matière d’exploitation. L’un des enjeux majeurs réside dans les gains réellement obtenus dans des zones plus ou moins ventées formant des itinéraires en ligne avec les attentes de la clientèle et les impératifs commerciaux. A ce jour, il n’existe que très peu de grands voiliers de croisière, si ce n’est le Club Med 2, les unités de Windstar, Le Ponant et les bateaux traditionnels de Star Clippers. Mais les enjeux liés à l’environnement et les évolutions technologiques récentes pourraient faire bouger les lignes. « Le sujet de la propulsion vélique devient une option considérée avec intérêt, d'autant plus que des solutions deviennent disponibles pour des navires de grandes dimensions, jusqu'à 40 000 UMS environ, tout en conservant un tirant d'air acceptable avec des gréements escamotables. Aux chantiers, aux industriels, aux agences de design et d'architecte navale de proposer des solutions fiables et simples afin de proposer des projets avec des plans de voilures efficaces et de grande dimension (à haut rendement et à forte puissance), la propulsion vélique étant un aspect du puzzle permettant d'aller vers une réduction significative des émissions carbone des navires », assure Thibaut Tincelin. « Cette solution de navigation zéro émission a tout de même fait ses preuves pendant plus de 25 siècles. On peut parler de technologie "Sea proven", même si elle n'a pas le mérite de proposer une propulsion constante, mais néanmoins prédictible. A l'industrie dans son ensemble de trouver les solutions permettant de garantir que les effets d'échelle sont possibles en augmentant les surfaces des plans de voilure, en conservant des équipages réduits. Elles sont en cours de développement grâce à des acteurs comme Chantiers de l'Atlantique, CNIM, Dykstra, Neoline, Ponant, VPLP, Zéphyr & Borée... »
A cet effet, SDI travaille donc sur son GNC, qui a été décliné en un petit modèle de base (trois-mâts, 10.000 UMS) et sera suivi dans les mois qui viennent d’une version plus grande d’environ 30.000 UMS.

Sources : Le Télégramme

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