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Tous les bâtiments du phare de l’île Rouge seront détruits

Tous les bâtiments du phare de l’île Rouge seront détruits

Construit en 1848, le phare de l’île Rouge, l’un des plus vieux phares du Québec situé en face de Tadoussac, sera dépouillé de tous ses bâtiments, dont la résidence du gardien, celle de son assistant et l’abri du criard. Le gouvernement fédéral estime qu’ils sont «en fin de vie utile», et il n’a pas l’intention de les remplacer, a appris Le Soleil.
Pêches et Océans Canada a lancé mercredi un appel d’offres pour la démolition des bâtiments et des passerelles de l’île Rouge. Seul le phare, toujours actif, automatisé et fonctionnant à l’énergie solaire, sera préservé. Celui-ci est identifié dans le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux et dans celui du patrimoine culturel du Québec.
Tous les autres bâtiments seront démantelés : la maison du gardien, construite en 1965 pour remplacer la résidence d’origine de 1848, l’abri du criard, construit en 1945 pour remplacer lui aussi un bâtiment plus ancien, la maison de l’assistant, construite en 1958, de même que deux bâtiments abritant les groupes électrogènes, trois petites cabanes, une station météorologique et les trottoirs en bois reliant les différentes installations. Les travaux devraient être terminés pour le printemps 2020, précise-t-on dans l’appel d’offres.
L’accès au phare sera limité à l’aide d’une clôture. «L’objectif de la clôture est d’aviser les visiteurs du potentiel danger du détachement de débris de la structure du phare», explique Pêches et Océans Canada.
Comme les phares de l’île Bicquette (au large du parc national du Bic, dans le Bas-Saint-Laurent) et du Pilier de Pierre (en face de Saint-Jean-Port-Joli), le phare de l’île Rouge fait partie d’une première génération de phares construits en aval de Québec par la Maison Trinité, mentionne le ministère de la Culture et des Communications dans son Répertoire du patrimoine culturel.
Le site a été choisi pour indiquer la position d’un îlot très dangereux dans le fleuve Saint-Laurent, principale route pour le commerce des marchandises à l’époque. L’alignement des phares de l’île Verte, de l’île Rouge et de l’île Bicquette visait à remédier aux nombreux naufrages, dont le plus célèbre est probablement celui du Norwegian Sky survenu à l’île Rouge en septembre 1999. Avec ses hauts fonds environnants, il semble que l’île Rouge ait figuré sur des cartes dès 1695, et qu’elle était alors déjà considérée dangereuse, peut-on lire sur le site du Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Dans son Bulletin des amis des phares, la Corporation des gestionnaires de phares de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent rapportait en 2009 que la région de l’île Rouge, «où les courants et les vents sont très forts en plus de la brume qui y est abondante», a été le théâtre de plus de 32 naufrages. 

À l’abandon
Sur son site Internet, la Corporation s’inquiète du sort du phare de l’île Rouge, «laissé à l’abandon depuis de nombreuses années». «Ce phare, érigé avec de la pierre importée d’Écosse, est unique de par son architecture et des origines de la pierre de sa maçonnerie. Pourtant, il peut s’effondrer à tout moment. Il est donc urgent que des travaux de stabilisation et de restauration soient effectués pour que le phare demeure debout pour toujours», écrit-elle. Il n’a pas été possible de joindre un représentant de la Corporation, mercredi.
Dans son appel d’offres, Pêches et Océans Canada mentionne que le site de l’île Rouge a été habité de 1948 à 1988, et que ses activités étaient entièrement liées à la navigation. Il a ensuite été utilisé durant une courte période à des fins touristiques par le Centre d’interprétation et de mise en valeur de l’île Rouge, situé à Tadoussac. Des nuitées y étaient offertes dans la maison du gardien. Aujourd’hui, plus aucune visite n’est offerte sur l’île.
Le magazine Voir avait visité l’île en 2000. «Devant les bâtiments de l’île, il est facile de se faire des histoires. Prenez celle des gardiens de phare. Ces hommes et leur famille, souvent nombreuse, passaient près de la moitié de leur existence reclus dans l’île. Non seulement devaient-ils veiller à la navigation, un travail exigeant, mais ils recueillaient souvent les naufragés dont ils étaient la seule ressource. Ils les soutenaient, les nourrissaient, les divertissaient et les réconfortaient jusqu’à leur “sauvetage”, qui pouvait parfois attendre des semaines», écrivait la chroniqueuse Sylvie Rivard.
L’île Rouge sert par ailleurs d’aire de nidification, de refuge ou d’escale à plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques. Environ 2680 oiseaux par hectare y ont été dénombrés, dont 13 401 individus en une seule journée de recensement, rapporte Pêches et Océans Canada dans son appel d’offres.
«La valeur socioéconomique et écosystémique de l’avifaune […] est grande. En effet, une importante diversité d’oiseaux, qui représente un fort intérêt de conservation et dont la plupart sont protégés par la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, peut se retrouver en abondance en période de nidification et de migration», précise-t-on, ajoutant que des mesures d’atténuation permettront de réduire les effets négatifs.

 Sources: Le Soleil

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