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Le défi de cartographier l’Arctique

Le défi de cartographier l’Arctique

L’automne dernier, Jean Lelièvre écrivait dans son reportage à la baie d’Hudson : «…le Service Hydrographique du Canada (SHC) devrait se donner le mandat d’établir la bathymétrie complète des zones côtières de la baie James et de la côte Est de la baie d’Hudson pour permettre l’élaboration de cartes nautiques beaucoup plus précises.» M. Lelièvre déplorait à juste titre le peu de données cartographiques disponibles et leur faible qualité dans les régions nordiques.

Nous avons soulevé la question à M. Louis Maltais, directeur des produits et services au Service Hydrographique du Canada. Il relance dans un premier temps la balle à M. Lelièvre :

«C’est d’abord la responsabilité du navigateur de savoir jusqu’à quel point les données sont fiables. Sur chaque carte, le diagramme des sources indique comment et quand les données ont été acquises. C’est un fait que dans l’Arctique, la richesse des données est extrêmement variable.»

M. Maltais dresse un portrait des efforts en cours pour cartographier les eaux de l’Arctique. « Les défis sont énormes. Actuellement, 10% seulement des plans d’eau de l’Arctique sont adéquatement cartographiées. C’est un travail de longue haleine. Les difficultés sont nombreuses : la fenêtre de travail se résume à deux mois et demi d’activités, les conditions de navigation sont complexes, voire dangereuses, et il existe beaucoup de compétition pour obtenir du temps dédié à l’hydrographie à bord des brise-glaces de la Garde côtière canadienne. 

Nous sommes néanmoins très actifs dans l’Arctique, mais les opérations constituent un véritable challenge. Le Plan de protection des océans lancé en 2016 a alloué au SHC un budget de 110 millions sur 5 ans. Un progrès substantiel pour nous.

Pour le moment, nous nous concentrons sur les corridors de navigation, là où il existe du trafic maritime qui dessert les communautés locales. Grâce aux données AIS, nous sommes en mesure de connaître les zones spécifiques où se concentrent les trajectoires des navires. Ça nous permet de bien connaître les routes empruntées et de concentrer nos efforts de cartographie sur ces zones spécifiques. Là où il est le plus important d’identifier les zones de faible profondeurs.

Actuellement, 30% de ces corridors de navigation sont cartographiés adéquatement. Ils le seront à 100% au terme de notre programme de travail.» conclut M. Maltais.

Avancées technologiques et bathymétrie collaborative

La cartographie dans l’Arctique est autant une questions de moyens techniques que de collaboration. «Dans les années 1980» explique M. Maltais, »on posait un hélicoptère sur la glace sur des points distants d’un kilomètre chacun pour lancer un sonar. Ça nous donnait des relevés de reconnaissance très partiels.»

Le choses se sont améliorées depuis. Quatre brise-glaces sont maintenant équipés de sonars multifaisceaux. Ces appareils effectuent une lecture des fonds marins sur une large bande sous le navire, généralement de trois à quatre fois plus large que la profondeur.

Le LIDAR bathymétrique, un laser embarqué sur un avion, est une autre technique très intéressante lorsque les eaux sont peu agitées et claires. Elles permettent de cartographier très précisément les zones côtières jusqu’au 20 m de profondeur.

Plus près de nous, sur la Basse-Côte-Nord, l’Institut Maurice-Lamontagne à mis au point un véhicule marin autonome doté lui aussi d’un sonar multifaisceaux qui devrait permettre de mettre à jour les données littorales d’ici l’horizon de 2025.

D’autres initiatives sont menées en collaboration avec les communautés locales. Un projet-pilote a été lancé avec les habitants de Gjoa Haven. Il s’agit de tracter à l’arrière d’une chaloupe une sphère de 30 cm de diamètre, l’HydroBall, équipée d’un sonar, d’un GPS, d’une batterie et d’un enregistreur de données. Une formule souple et plus économique qui permet récupérer beaucoup de données qui seront utiles aux pêcheurs des communautés littorales. 

Michel Sacco

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