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Babouchka atteint le 82° Nord

Babouchka atteint le 82° Nord

Sébastien Roubinet et Vincent Berthet échouent près du but

 Après une première tentative infructueuse de traverser l’océan Arctique à la voile en 2011, Sébastien Roubinet a organisé une nouvelle expédition qui s’est élancée de point Barrow le 7 juillet dernier. Le Manguier, un ancien remorqueur reconverti en navire d’exploration a convoyé le catamaran Babouchka jusqu’à son point de départ. Sébastien Roubinet faisait équipe avec Vincent Berthet, cameraman et aventurier polaire d’origine française installé au Québec. Babouchka est le second catamaran construit par Sébastien pour tenter de relier l’Alaska au Spitsberg en traversant l’océan Arctique et ses banquises.

Les deux hommes ont rencontré des conditions tout à fait inhabituelles qui contredisaient les données météorologiques enregistrées depuis 15 ans. «Normalement, un anticyclone occupe la mer de Beaufort pendant la saison estivale tandis que le nord de la Russie est sous l’influence d’une zone dépressionnaire» explique Sébastien Roubinet. «Cette année, pour des raisons inconnues, le phénomène s’est inversé. L’anticyclone s’est déplacé vers l’ouest et nous avons subi plusieurs fronts qui ont généré des vents du nord, dans l’axe de notre route» précise le navigateur polaire. La navigation au près sur la glace s’est révélée problématique, forçant à sous-toiler le bateau pour ne pas risquer de chavirer.

La  nature n’a cessé de s’opposer à la progression de Babouchka. Dès le départ, une immense plaque de banquise a obligé l’équipage à revenir sur ses pas pour la contourner par le sud. Les courants qui portent habituellement vers le nord ont été annulés par les vents contraires qui ont plutôt générés des déplacements de masses d’eau vers le sud. La progression a souvent été interrompue par le mauvais temps. Au cours de ses deux mois de navigation, Babouchka aura été repoussé de 300 milles en marche arrière par la dérive. Un handicap qui a généré un retard quasi insurmontable au début du mois de septembre lorsque les glaces ont commencé à se densifier et à se refermer sur leur route. Pris au piège le 31 août à 100 milles du pôle nord d’inaccessibilité – le point le plus éloigné de toute terre dans l’océan Arctique- les deux hommes ont déclenché leur balise de détresse la mort dans l’âme.

Le brise-glace russe Admiral Makarov est venu les récupérer et a même embarqué Babouchka en pontée. Faute de moyen pour le rapatrier en France ou au Canada, le catamaran est resté dans le port de Pevek, où il se trouve encore à l’heure actuelle. Sébastien étudie les possibilités qui s’offrent à lui pour rapatrier «un super bateau, le seul et le bon outil pour traverser l’océan Arctique à la voile.»

Le plan de route qui prévoyait une progression quotidienne de 20 milles était tout à fait réaliste et l’objectif aurait certainement pu être atteint, n’eut été les conditions météorologiques exécrables qui ont miné la réussite de l’expédition.

Les deux hommes ont accumulé une solide expérience de la navigation polaire, notamment en apprenant à décoder correctement les images satellites de la banquise et en observant la réverbération générée par les nuages pour trouver les chenaux d’eau libre. Amaigris et fatigués par le rationnement alimentaire qu’ils se sont imposé, durement éprouvés par l’humidité quasi constante de leurs vêtements causée par leurs innombrables bains forcés pour traîner l’embarcation, Sébastien et Vincent n’ont pas eu à souffrir de blessures trop importantes. Sébastien Roubinet s’est tout de même gelé un orteil qui n’a cessé de suppurer tout au long du périple et Vincent a connu son lot d’engelures. Le catamaran Babouchka est à ce jour le seul voilier dépourvu d’assistance mécanique à avoir atteint la latitude de 82° Nord. Un véritable exploit digne du plus grand respect.

Sébastien Roubinet mettra le cap sur le Groenland ou l’Arctique canadien en compagnie de sa conjointe Anne-Lise et de sa petite fille Anouk la saison prochaine à bord de la V’limeuse. La famille passera tout un hiver dans la banquise. Quant à Vincent Berthet, il hiverne actuellement dans le village de Qikiqtarjuaq en Terre de Baffin avec sa compagne Valentine à bord du voilier d’exploration polaire Vagabond. Deux solides vocations polaires dont on risque d’entendre encore parler…..

 

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