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Sébastien Roubinet à nouveau sur la route du Pôle Nord

Sébastien Roubinet à nouveau sur la route du Pôle Nord

Il n’existe pas beaucoup de navigateurs comme Sébastien Roubinet. Depuis 10 ans, il développe et perfectionne ses aptitudes à naviguer dans les régions polaires. En 2018, il se lancera dans une troisième tentative de la traversée à la voile de l’océan Arctique. Au départ de Point Barrow en Alaska, il veut rallier avec son équipage l’archipel norvégien du Spitzberg, une route de 1700 milles qui passe par le pôle Nord.

Sébastien possède une étonnante feuille de route. Il a franchi en 2007 le passage du Nord-Ouest à la voile sans aucune motorisation à bord d’un catamaran de 7,50 m qu’il avait lui-même construit spécialement pour l’expédition. En 2010, il tente une première traversée de l’océan Arctique avec Rodolphe André sur un cata hybride qui peut glisser sur la glace. Une panne d’énergie les contraint à rebrousser chemin. Il construit une nouvelle unité mieux adaptée à son programme en se lance à nouveau en 2014 avec Vincent Berthet. Des conditions météo atypiques, des vents et des courants contraires les retardent énormément ; rien ne se passe comme les modèles météo le prévoient habituellement. L’équipage à bout de nourriture est récupéré par un brise-glace russe et le catamaran reste en Russie.

Sébastien Roubinet hiverne ensuite sur la côte est Groenland avec la V’limeuse de la famille Manny-De Pas. Il y apprend à chasser le phoque, le cuisiner et le conserver. Une expérience qu’il mettra à profit au cours de cette troisième tentative en compagnie de Pierre-Yves Moreau et Benoît Lequin puisque ce nouvel équipage disposera de deux mois de provisions, mais emportera une arme pour chasser en cas de besoin. La préparation physique du trio est prise très au sérieux. Moreau et Lequin ne sont pas tombés de la dernière pluie. Ce sont des coureurs au large aguerris qui ont en outre à leur actif deux records de traversée de l’Atlantique en cata de sport.

Le nouveau catamaran bénéficie de l’expérience acquise lors des deux expéditions précédentes. Le bateau, actuellement en construction à Lorient, sera un peu plus long - 7 m - pour aller plus vite sur l’eau et mieux porter entre les blocs de glace. Il sera aussi plus étroit -2,40 m- pour passer plus facilement entre les amoncellements de glace. Plus étroit et donc moins lourd, bateau et gréement ne pèsent que 150 kg. La construction des coques reprend l’ingénieux design de parois de 0,9 mm à 1,2 mm d’épaisseur en Innegra-Basalt, un tissu composite qui possède d’extraordinaires résistances mécaniques tout en tolérant très bien les efforts en flexion. Les coques sont remplies par des vessies d’air comprimé qui soutiennent la structure tout en lui autorisant beaucoup de souplesse. Un concept brillant. Après les skis qui se déployaient sous les coques sur la première unité, les lames de patin sur la seconde, ce sont de véritables patins de skis intégrés sous les coques qui permettront de glisser sur la glace sur ce troisième cata.

Les changements les plus notables affectent la nacelle. Celle-ci est dotée de casquettes latérales pour protéger le barreur et lui permettre de regarder vers l’avant tout en restant à l’abri. Une toile transparente abritera ce cockpit pour en faire un poste de veille et servir de sas avant de pénétrer dans le minuscule cocon de la cabine. Enfin, une dérive centrale profonde va permettre de meilleures performances au près.

Le choix de repartir à trois équipiers est peut-être bien la clé du succès. «À deux, on s’épuisait à pousser le bateau dans les passages difficiles, alors qu’on s’est rendu compte qu’à trois personnes, ça glisse tout seul» explique Sébastien. Outre la propulsion humaine supplémentaire, une équipe de trois va permettre de fonctionner sur trois quarts. Un barreur, un équipier disponible au besoin allongé dans la nacelle et le repos complet pour un troisième. Lors des passages en eau libre, l’équipe demeurera tout le temps en mouvement et ne fera pas d’arrêt comme lors des tentatives précédentes.

D’après les prévisions de Sébastien Roubinet, même avec les conditions misérables rencontrées lors de la précédente tentative, la nouvelle expédition serait en mesure de boucler le trajet.

Une campagne d’essais suivra la mise à l’eau prévue cet été. Les tests sur neige et glace auront lieu l’hiver prochain en mer Baltique. L’équipe doit réunir 250 000 € pour boucler son financement. Le départ d’Alaska est prévu pour juin 2018.

 

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