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Découverte de l’épave du Terror

Découverte de l’épave du Terror

Le second navire de l’expédition de Franklin retrouvé dans l’Arctique

«Si l’on m’avait dit voilà huit ans que nous allions retrouver trois épaves de l’époque de Franklin en aussi bon état, je ne l’aurai tout simplement pas cru» s’exclame Marc-André Bernier, le chef de l’équipe d’archéologues subaquatiques de Parcs Canada qui mène des fouilles dans l’Arctique depuis 2008. En juillet 2010, on retrouve l’Investigator, le navire de McClure, parti à la recherche de la flotte de Franklin. Abandonné en 1853, l’ancien baleinier est extrêmement bien préservé dans les eaux glaciales de l’île Banks. En septembre 2014, c’est l’Erebus, qui est enfin localisé au terme de la sixième campagne de fouilles consécutive. En septembre 2016, la localisation du second navire de l’expédition couronne de succès la plus grande campagne de fouilles de l’histoire de l’archéologie maritime canadienne.

«La clef de cette énigme revient au peuple Inuit et c’est là ma plus grande satisfaction» témoigne Robert Grenier. L’archéologue aujourd’hui à la retraite a bataillé dès le début des années 1980 pour intéresser le gouvernement canadien à ces épaves, parmi les plus recherchées du monde.

C’est effectivement la tradition orale des Inuits qui avaient mis les archéologues sur la piste de l’Erebus retrouvé au nord-ouest de la péninsule d’Adélaïde. Et c’est à nouveau un Inuit, Sammy Kogvik, un ranger de Gjo Haven, qui a guidé l’équipe de l’Artic Research Fondation (ARF) de Jim Balsillie dans Terror Bay. Kogvik raconte avoir vu une pièce de bois de fort diamètre dépasser de la glace dans la baie lors d’une excursion de chasse sept ans auparavant. L’équipe de l’ARF s’est rendue sur place bord du Martin Bergman et n’a pas tardé à voir l’image du Terror sur le sonar, reposant par 24 m de fond, le 3 septembre dernier.

Sans l’indication de Sammy Kogvik, les fouilles ne se seraient certainement pas dirigées vers Terror Bay. Les archéologues cherchaient l’épave plus au nord et plus près du point où l’on supposait que les navires avaient été abandonnées. «Le site de la découverte a pris tout le monde par surprise» affirme Marc-André Bernier. «Et il nous force à réinterpréter le scénario et la chronologie des évènements qui ont précédés la disparation des 129 membres d’équipage. Le fil de l’histoire à reconstituer devient beaucoup plus complexe que nous ne l’avions imaginé. Le lieu de la découverte confirme aussi la théorie mise de l’avant par l’historien amateur et officier de marine David C. Woodman selon laquelle les bateaux ont été abandonnés, puis réintégrés par les équipages» conclut l’archéologue.

On cherchait les restes du Terror dans les détroits d’Alexandra et de Victoria où s’engouffrent les icebergs poussés par le courant. Dans le passage étroit du détroit d’Alexandra, le fond marin porte la trace des icebergs qui ratissent le fond. On espérait trouver des restes d’un navire malmené par la glace.

À 60 milles au nord-ouest du secteur des îles O’Reily où l’on a retrouvé l’Erebus, le Terror se présente au contraire dans un remarquable état de préservation. Le navire est posé bien à plat sur le fond d’une baie située à l’extérieur de la trajectoire des glaces dérivantes À première vue, sa structure est intègre et le pont ne s’est pas affaissé. Le beaupré se dresse toujours au-dessus de l’étrave. Après 170 années d’immersion, le rouf, les capotins, le pavois, la barre à roue, les bossoirs et jusqu’au vitrage de la plupart des hublots sont toujours en place. Un état de préservation bien meilleur que celui encore que celui de l’Erebus. Les ancres n’étant pas à leur poste, on peut imaginer que le bateau était à l’ancre au moment où son équipage l’a abandonné. Une hypothèse qui reste néanmoins à vérifier.

Les archéologues de Parcs Canada ont effectué trois plongées sur le site par mauvaise visibilité en septembre dernier. Ils ont pu noter que tout semble en ordre à l’intérieur.

Le gouvernement du Canada a accepté l’an dernier de financer les fouilles des épaves de Franklin pendant 5 ans. Le budget mis à la disposition des chercheurs leur a permis d’acquérir un ancien bâtiment de la Garde côtière, l’ex-patrouilleur Arrow-Post, 29 m de long. Le patrouilleur sera basé à Gjo Haven et va conférer aux archéologues une autonomie dont ils n’ont encore jamais disposé. Au cours des quatre prochaines années, les fouilles vont se poursuivre sur les deux épaves.

Le travail de documentation du Terror débutera à l’été 2017. On y introduira des caméras fixes dans un premier temps et un robot téléguidé par la suite. Ces premières investigations permettront de déterminer s’il est possible que les plongeurs puissent éventuellement accéder à l’intérieur de l’épave. L’exceptionnel état de préservation du Terror laisse miroiter la possibilité qu’on y retrouve des documents écrits suffisamment bien conservés pour que l’on puisse reconstituer le dessin funeste de l’expédition de Franklin. La découverte de restes humains fait également partie des scénarios possibles et pourrait confirmer ou infirmer la thèse de l’intoxication par le plomb causée par la tuyauterie du bord.

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