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Le rameur Joseph Gagnon prêt à repartir sur l’Atlantique

Le rameur Joseph Gagnon prêt à repartir sur l’Atlantique

 

 Joseph Gagnon est un garçon discret. Il raconte son histoire calmement sur un ton monocorde. Ce n’est vraiment pas le genre à en rajouter. Et pourtant… Le 21 juillet dernier, à 300 km des côtes de l’Irlande, une vague a retourné son canot comme une crêpe. Le jeune homme de 20 ans a été propulsé à la mer avec son co-équipier Brian Conville (25 ans). L’histoire aurait pu s’arrêter là. La balise de détresse introuvable, probablement arrachée de son support, le canot de survie inaccessible, les deux garçons passent dix heures d’angoisse dans l’eau, cramponnés sur la coque retournée. Par bonheur la balise s’active 5 heures plus tard, sans que l’on sache comment, alertant l’Irish Coast Guard. Les deux rameurs sont hélitreuillés et s’en tirent avec un choc nerveux et une hypothermie mineure.
«C’est sûr que je vais repartir» lance Joseph sans hésitation. «J’ai adoré l’expérience malgré des moments franchement difficiles. Ça ne doit pas m’empêcher de repartir, mais au contraire me servir d’expérience pour la prochaine fois.» Les mauvais moments ne manquent effectivement par sur l’océans à bord d’un canot de 23 pieds. Tendinites, blessures et douleurs diverses, pieds constamment humides qui ne se réchauffent plus, mains couvertes d’ampoules qui ne veulent plus s’ouvrir à tel point qu’il faut déplier les doigts un à un pour enfiler ses gants, la liste des bobos illustre l’aspect particulièrement rugueux de la rame océanique.
«On souffre beaucoup, c’est vrai. Il faut passer par-dessus avec le moral. Douleurs et blessures, on ne peut les guérir en mer, il faut s’en servir de motivation pour toucher terre le plus rapidement possible» résume Joseph Gagnon avec philosophie.
Supporter les quarts de nuit sous la pluie, le vent et le froid en puisant dans ses ressources psychologiques n’est cependant un antidote infaillible. «J’ai passé des mauvais moments au cours du mois qui a suivi le chavirage. Le film tournait tout le temps dans ma tête et j’en faisais de l’insomnie. J’ai pensé beaucoup de temps à réfléchir pour parvenir à positiver l’expérience. À partir de ce moment-là, ça s’est mis à aller mieux. » Une étape de franchie pour le Port-Jolien qui veut se lancer en solitaire l’an prochain sur l’Atlantique Nord à partir de Terre-Neuve et à destination de Noirmoutier cette fois-ci.
L’atterrissage sur les côtes irlandaises n’était pas la meilleure décision. La mer plus abrupte à proximité du plateau continental est la cause indéniable du chavirage. La décision de finir la traversée en Irlande plutôt qu’en France a été prise en raison des difficultés de Brian Colville, très affecté moralement et physiquement. C’était une façon de raccourcir le trajet d’environ 400 milles.
Joseph Gagnon n’a plus de bateau, même s’il espère encore retrouver son canot. Le défi est désormais financier puisqu’il va avoir besoin de 300 000 $ s’il doit faire construire un nouveau canot et terminer de payer ses dettes. Il a commencé à élaborer la préparation et les modifications qu’il souhaite apporter à l’occasion de sa prochaine tentative. La question de l’accessibilité du radeau de survie fait partie des sujets de réflexion. Tout comme la sécurité. Joseph Gagnon veut s’équiper d’un kit d’urgence destiné à assurer sa survie en cas de pépin. Le canot de carbone construit par Spindrift Ocean Rowing s’est remarquablement bien comporté. Le bateau a essuyé trois coups de vent et des rafales à 50 nœuds. Il a bien tenu le coup à la cape sous ancre flottante. «Nous avons été solidement secoués, mais  jamais nous ne sommes sentis en danger de chavirer» témoigne Joseph. La mer croisée et les rotations de vent à l’approche de l’Irlande ont mis abruptement fin à une traversée de 38 jours. 

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